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Barrages de moins de 30 m

de hauteur
Economies et sécurité
par F. Lempérière

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Les grands barrages
• En 1995, 45 000 « grands barrages »
étaient en service dans le monde, dont :
- 2 000 de plus de 60 m et
- 7 000 de 30 à 60 m.
• 20 000 barrages avaient de 15 à 30 m
• 10 000 barrages avaient de 10 à 15 m.

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Les petits barrages
• Les 10 000 barrages de 10 à 15 m
(classés Grands barrages) diffèrent peu
des 100 000 petits barrages de même
hauteur stockant 0,1 à 1 hm³

• 1 hm³ = 100 x 100 x 100 = 1 million de m³

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Les barrages de 10 à 30 m
• Les 35 000 grands barrages de 10 à 30 m
comprennent 90 % de barrages en terre souvent
fondés sur terrain meuble et presque tous avec
des déversoirs à seuil libre.
• 2 500 avaient été construits avant 1930 (en
général dans les pays industrialisés)
• - 6 000 ont été construits depuis dans les pays
industrialisés
• 25 000 ont été construits dans des pays non
industrialisés

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Objectif des barrages moyens
• Contrairement aux grands barrages, les
barrages moyens sont beaucoup utilisés
pour l’irrigation, ont un coût modeste
(souvent inférieur à 1 million de US $) et le
budget des études, de reconnaissance, de
contrôle, de traitement des fondations est
réduit. Ils bénéficient souvent de
l’expérience d’ouvrages similaires.

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Bassins versants
• Le bassin versant peut dépasser 10 000 km² et
la crue de projet 10 000 m³/s, mais pour plus de
90% des cas, il est de quelques km².
• Le volume d’une crue millennale est alors le plus
souvent de l’ordre de 1 hm³, la crue de projet
entre 20 et 500 m³/s et la rapidité de montée des
crues influe sur la conception et la gestion du
déversoir.
• La longueur du barrage peut varier d’une
cinquantaine de mètres à plus de 5 km.

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Volume de la retenue
• Sur les 35 000 barrages moyens :
– - quelques centaines stockent plus de 100
hm³
– 3 000 de 10 à 100 hm³
– 20 000 de 1 à 10 hm³ (la moitié h de 10 à 15
m)
– 10 000 de 0,1 à 1 hm³ avec h > 15m
Près de 100 000 barrages de 0,1 à 1 hm³ de
10 à 15 m de haut ne sont pas classés
“grands barrages.
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Coût et Rupture
• Pour les réservoirs de moins de 10 hm³, le
coût de la construction est souvent de
l’ordre de 1 US$ par m³ d’eau stocké dans
les pays industrialisés et deux à dix fois
moins dans les Pays en Développement.
• Le taux de ruptures connu est de l’ordre
de 2% avec un nombre de victimes assez
important, mais qui tend à diminuer grâce
aux précautions prises.

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ETUDE HISTORIQUE
des barrages de moins de 30 m
• 1-1 Barrages en remblai
• - Depuis 2000 ans et avant 1930, plus de
2 000 barrages avaient été construits,
mais principalement au Japon, en Grande
Bretagne et aux Etats –Unis. Ces derniers
ont apporté des méthodes nouvelles de
construction. Les autres pays avaient
construits de l’ordre de 500 barrages.

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1-1 Barrages en remblai (suite)

• Depuis 1930, 35 000 barrages en remblai ont été


construits, dont 1 000 seulement entre 1930 et 1950.
– 6 000 dans les pays industrialisés
– 16 000 en Chine avec en plus 50 000 barrages
stockant entre 0,1 et 1 hm³. Les barrages chinois,
construits à la cadence de 1 000 par an, l’ont été
avec des moyens manuels et économiques
– Les autres dans les pays non industrialisés, et la
plupart aussi avec des moyens rudimentaires.

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Conception et exécution des
barrages en remblai existants
• La conception est liée aux matériaux
disponibles localement et pour 80% :
– Etanchéité assurée par un remblai argileux
– Evacuateur de crue non vanné, en général
situé sur une rive
Le remblai argileux est total ou limité à un
noyau central, vertical ou incliné ou à la moitié
amont de l’ouvrage.

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Evolution passée des
barrages en remblai
• Les talus avals sont devenus plus doux,
• Des filtres et des drains à l’aval ont réduit les accidents dus à
l’érosion interne,
• 20 % des barrages ont été construits dans les pays industrialisé
avec des moyens modernes,
• 20 % des autres barrages dans les pays moins industrialisé, l’ont
été avec des méthodes similaires,
• Les autres barrages, par manque de moyens, ont été construits
manuellement, faiblement compactés entraînant des tassements et
vulnérables à l’érosion. Les déversoirs ont souvent été limités pour
des crues de 100 ou 200 ans et construits en maçonnerie plus
vulnérable que le béton armé.
• Ces barrages économiques ont le mérite d’exister.

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Disposition des déversoirs

• Les déversoirs sont souvent placés en


rive, ce qui en fait un chantier indépendant
du chantier principal et permet souvent
d’augmenter la longueur du seuil
déversant.
• Pour des débits inférieurs à 100 m³/s et si
les remblais sont d’excellente qualité, on
peut placer le déversoir sur la digue.

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Cause et conséquence des ruptures

• Il faut être prudent, car les causes sont mal recensées.


• Plus de 90 % des ruptures sont dues aux crues ou à l’érosion
interne.
• Les ruptures dues aux crues font l’objet d’une analyse mondiale
détaillée et d’une révision de la capacité des réservoirs. Les crues
sont souvent sous-estimées et les déversoirs insuffisants. Il existe
des solutions pour améliorer la capacité des déversoirs, solutions
qui seront analysées plus loin.
• Les ruptures par érosion interne deviennent plus rares, mais se
produisent souvent lors du premier remplissage. En général il y a
tassement local, puis déversement qui reste limité pour les remblais
argileux ou bien compactés, mais peut-être catastrophique pour des
matériaux non cohérents de réservoirs importants.

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Autres causes de ruptures

• Rupture d’un barrage à l’amont : plus de 3 % des


ruptures de barrages. On doit veiller sur les déversoirs
qui peuvent être bouchés par des glissements de
terrains ou des corps flottants.
• Submersion en cours de construction : en général sur
les batardeaux, mais très rare pour les barrages de
moins de 30 m.
• Séismes : aucune rupture pour les barrages en
enrochement ou en argile. Pour les barrages en remblai
hydraulique, de stériles en silt ou en sable, la rupture est
soudaine et complète, quelquefois après plusieurs
heures ou quelques jours.

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1- 2 Barrages-poids
en béton ou en maçonnerie
• En 1995, sur 4 500 "grands barrages poids ",
près de 2 500 ont moins de 30 m.
• Mais il a plusieurs dizaines de milliers de petits
barrages poids.
• Les ruptures en service, peu nombreuses pour
les barrages en béton sont souvent dues à des
surélévations anormales des plans d’eau, la
plupart après 10 ans de service. La rupture est
en général brutale .
• Depuis 1988, des ouvrages massifs de moins de
30 m ont été réalisés en béton compactés.

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1- 3 Barrages-voûtes
en béton ou en maçonnerie

• En 1995, on recense plus de 2 000 grands


barrages voûtes, dont :
– 400 de plus de 60 m de haut (20 % des barrages de
cette hauteur), presque tous en béton.
– 500 de 30 à 60 m (5 % des barrages de cette
hauteur) dont la moitié en Chine et le plus souvent en
maçonnerie.
– Plus de 1 000 de moins de 30 m dont :
• 300 barrages voûtes construits de 1910 à 1960,
principalement dans les pays industrialisés,
• 700 barrages voûtes en maçonnerie en Chine de 1960 à
1980 avec une étanchéité en parement amont

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1- 4 Barrages à contreforts
ou voûtes multiples

• En 1995 on recense 500 grands barrages


de ce type, mais principalement dans les
pays industrialisés. Ils sont plus délicats
que les barrages poids. On a recensé 8
ruptures dont 6 à la mise en eau.
• Actuellement il ne s’en construit plus, les
ouvrages en remblai ou en béton
compacté étant plus économiques et plus
sûrs.

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2. Observations générales
sur le coût et la sécurité
• L’importance attachée à la sécurité d’un barrage
doit être fonction de sa taille et des victimes et
dommages que causerait une rupture.
• Actuellement le souci de la sécurité l’emporte
sur l’optimisation économique pour les grands
barrages .
• Pour les 10 000 barrages de 20 à 30 m et les
100 000 barrages de 10 à 20 m, des
améliorations ont été apportées, mais il reste
encore beaucoup à faire.

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2. Observations générales
sur le coût et la sécurité (Suite)

• Des améliorations ont été apportées, comme vu


précédemment, et les risques à l’aval sont moins
importants.
• Le risque de submersion, majeur pour les barrages en
terre, sont souvent sous-estimés.
• Les risques à l’aval sont différents suivant les régions du
monde et les pays d’Asie sont souvent plus peuplés à
l’aval qu’en Afrique.
• Néanmoins, on peut améliorer les barrages existants et
futurs, ce que nous allons voir dans les chapitres
suivants.

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3. Amélioration des barrages existants

• Cette amélioration peut porter sur trois


points :
– La sécurité, appréciation des risques, le coût
supplémentaire et son financement.
– L’augmentation du volume stocké, obtenue
actuellement par des moyens artisanaux,
souvent efficaces, mais peu contrôlés et
souvent dangereux
– La qualité de l’eau stockée et l’impact sur
l’environnement.
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3.1. Barrages en remblai
• 3.1.1. Amélioration de la sécurité
• L’analyse des ruptures connues, les essais sur modèles
hydrauliques, le développement de l’informatique ont
permis de mieux comprendre les mécanismes de
rupture, les crues artificielles correspondantes à l’aval et
les dommages qui en résultent.
• Pour un barrage de moins de 30 m, stockant moins de
10 hm³, ce débit est entre 500 et 10 000 m³/s
• Pour un petit barrage de 0,1 à 1 hm³ et de 10 à 15 m de
hauteur, le débit est souvent de 200 à 500 m³/s.
• On peut évaluer la largeur inondée au voisinage des
zones habitées, soit de l’ordre de d’une centaine de
mètre de large et sur 10 à 20 km.

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3.1. Barrages en remblai (suite)
• 3.1.2. Probabilité de rupture par
submersion.
• C’est la cause de la moitié des accidents
et la grande majorité des victimes.
• On doit améliorer la prévention des
accidents et les systèmes d’alerte;
• Deux cas sont à considérer :
– Les déversoirs à seuil libre
– Les déversoirs vannés
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a) Les déversoirs à seuil libre
• La réévaluation des seuils libres existants peut
prendre beaucoup de temps et coûter très cher.
• Il est possible rapidement et pour un faible coût
de réduire le risque de crues.
• Il vaut mieux, pour une faible dépense, diviser
immédiatement par dix le risque de rupture que
de diviser coûteusement par cent dans dix ans.
• Dans les zones à risque, un habitant exposé à
une rupture veut savoir si dans les 50 ans à
venir il y a une probabilité de 1 sur 10 ou de 1
sur 10 000 de voir sa famille noyée ou sa
maison détruite.
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a) Les déversoirs à seuil libre (suite)
• On peut rehausser de 1 m la crête du barrage en
raidissant les talus en partie haute ou par des gabions.
• On peut localiser la zone de rupture dans des zones de
faible hauteur de façon à limiter la crue exceptionnelle
sans y ajouter une vidange intempestive du barrage.
• Il faut vérifier que les déversoirs ne soient pas obstrués
par des obstacles temporaires ou définitifs (corps
flottants, sacs de sable, madriers, filets à poisson.
• Il faut prévoir des dispositifs d’alerte efficace et si une
évacuation est nécessaire, que la décision en soit prise
localement, car les transmissions peuvent être
défectueuses

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b) Les déversoirs vannés
• Ce sont des ouvrages anciens ou des réservoirs
importants.
• Les risque sont plus importants que pour les
seuils libres :
– Si la crue dépasse le débit des vannes ouverte, la
revanche est faible,
– Les vannes peuvent rester partiellement fermées
suite à un mauvais entretien.
– Les amélioration peuvent porter sur les digues,
comme pour les seuils libres, et sur la fiabilité des
vannes

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3.1.3. Amélioration des performances

• Les barrages de moins de 30 m sont souvent à seuil


libre, ce seuil étant à 2 à 6 m sous la crête du barrage.
Souvent, le volume compris entre le seuil et la crête du
barrage est voisin du volume utile de la retenue. Le
stockage est excédentaire à la mise en service et
rapidement insuffisant (retenue réduite par les dépôts,
réalimentation de la rivière …)
• Sur les barrages peu contrôlés, l’accroissement du
niveau se fait de façon artisanale (madriers, sacs de
sable, flashboards, enlevés en principe avant la saison
des crues
• Sur les barrages contrôlés, les formalités administratives
sont souvent dissuasives, surtout dans les pays
industrialisés.

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3.1.3. Amélioration des performances
(suite 1)
• Une amélioration est justifiée pour plus de la moitié des ouvrages
existants et le gain (souvent de 20 à 50 %) est très supérieur à
l’investissement complémentaire.
• Mais l’incidence sur la sécurité doit être regardée de très près.
– Une augmentation du niveau peut entraîner des renards,
– Dans les zones sismiques, la stabilité du barrage est à vérifier,
– Une surélévation permanente du niveau réduit l’écrêtement de la crue.
Il faut alors déraser le seuil et mettre des éléments fusibles.
• Il faut que les dispositifs s’effacent surement, même en cas de
mauvais entretien ou d’imprévu
• Il ne faut pas créer à l’aval une crue plus dangereuse que la crue
entrante
• De nombreux dispositifs ont été utilisés, certains très anciens.

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3.1.3. Amélioration des performances
(suite 2)
• L’utilisation de sacs de sable est très ancienne,
mais pas sans risques, s’ils ne sont pas enlevés
avant la crue (1 mètre),
• D’autres solutions artisanales ont été utilisées,
murettes en parpaings, madriers…
• Les flashboards sont utilisés aux USA depuis
très longtemps sur des petits déversoirs. Des
plaques s’appuient sur des tubes métalliques et
sont détruits en cas de crue importante. Ils ne
sont pas sans risques. Il ne faut pas les
renforcer après rupture.
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3.1.3. Amélioration des performances
(suite 3)
• Les hausses fusibles sont développées depuis
1990. Ce sont des éléments gravitaires posés
sur le seuil et submergée par les crues
modérées (centennale en général). Lors d’une
crue plus forte, les éléments basculent
successivement. Plus précises et plus fiables,
mais plus coûteuses que les solutions
précédentes, elles sont intéressantes pour des
déversoirs de plusieurs centaines de m³/s et
peuvent s’appliquer à des hauteurs importantes
ou pour de grands déversoirs (plus de 10 000
m³/s).

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3.1.3. Amélioration des performances
(suite 4)
• Les vannes gonflables étaient très
développées au Japon mais perdent leur
influence.
• Les P.K. Weirs ou déversoirs en touche
de piano ont fait l’objet de nombreux
essais en laboratoire et feront l’objet d’
exposés à part.
• Les blocs fusibles seront aussi étudiés
dans un exposé à part.
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3.1.3. Amélioration des performances
(suite 5)
• La surélévation des seuils déversants :
– Est justifiée sur le plan économique
– Nécessite un contrôle sérieux sur le plan de la
sécurité
– Peut utiliser divers procédés suivant la taille et les
conditions d’exploitation du déversoir et l’importance
du stockage
– peut être associé à une augmentation importante de
la capacité du déversoir en dérasant le seuil avant la
mise en place de la bouchure amovible.

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3.2. Grands barrages en béton ou
maçonnerie de moins de 30 m
• On en dénombre 3 500 dont la moitié en Europe et un
quart en Chine. Plus de 60 % sont des barrages-poids.
• Les risques de rupture sont maintenant très rares, mais
la rupture est brutale avec des dommages et risques
humains importants.
• Les vannes doivent être très surveillées et les seuils
libres peuvent être équipées comme nous avons vu
pour les barrages en remblai.
• Un parapet fusible peut remplacer un parapet plein.
• Les ouvrages minces doivent être très surveillés
(vieillissement des bétons et des aciers)

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3.3. Qualité de l’eau et
environnement
• La qualité de l’eau s’est souvent dégradée, par pollution
industrielle ou par usage intensif d’engrais.
• L’incidence est importante pour les réservoirs destinés à
l’eau potable.
• Une réduction des émissions polluantes est souvent
moins coûteuses qu’un traitement biologique.
• Il faut conserver un débit d’étiage raisonnable.
• On peut préparer la période des crues en laissant le
bassin partiellement vide dans les mois qui précèdent la
crue.
• On peut intégrer le barrage dans le paysage avec de la
végétation sur le parement aval et autour du barrage.
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3.4. Optimisation globale des barrages
existants

• Les barrages constituent un patrimoine considérable


pour la zone où il est construit.
• Les conditions existants lors de sa construction peuvent
avoir évolué après 20 ou 30 ans : sécurité, qualité de
l’eau, besoins en eau, environnement, intérêt modifié de
la production hydroélectrique, irrigation, tourisme…
• Le barrage est en général amorti et les coûts
d’exploitation sont faibles.
• Il est en général plus rentable d’en tirer un meilleur parti
que d’étudier et construire des ouvrages neufs.
• Pour un faible cout, il est possible d’éviter les ruptures
potentielles

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4. Barrages futurs
• Dans le monde, on construit actuellement des centaines
de barrages par an de 10 à 30 m de haut et stockant
plus de 0,1 hm³, dont 200 ou 300 plus hauts que 15 m
ou stockant plus de 1 hm³.
• L’augmentation du prix du pétrole et du gaz a accentué
le rythme de construction des barrages, en particulier
dans les pays en cours de développement.
• Le spectre de l’évolution du climat nous oblige a être très
prudent et à anticiper les risques de manque d’eau.
• L’Afrique a de grands besoins et de grandes possibilités.
• Les méthodes d’exécution ont beaucoup évolué ces
dernières décennies

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4.1. Révision des idées reçues

• Les principes, justifiés pour les barrages de grande


hauteur ne sont pas valables pour les barrages de moins
de 30 m.
• Les concepts justifiés par les conditions économiques de
pays industrialisé ne s’appliquent pas pour les pays en
développement.
• Des concepts d’il y a 50 ans sont toujours appliqués,
quelquefois sans raison.
• Des décisions coûteuses pour des raisons de sécurité
ne sont pas toujours justifiées.
• La liste ci-après donne matière à réflexion :

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4.1. Révision des idées reçues (suite 1)

• 1- Il n’existe pas de sécurité absolue, mais l’ouverture


intempestive des vannes peut entraîner plus de victimes
que les ruptures.
• 2- Les barrages en béton ou maçonnerie sont plus sûrs
que les barrages en remblai, mais les ruptures sont
brutales et il faut prévoir un plan d’alerte et d’évacuation.
• 3- Les barrages en remblai ne sont pas forcément
détruits complètement en cas de déversement (la
cohésion des matériaux et l’emplacement de la brèche
sont importants)
• 4- les barrages poids sont en principe fondés sur un
rocher de bonne qualité.
• 5- On peut trouver des profils adaptés à une fondation
médiocre ou à une submersion importante.
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4.1. Révision des idées reçues (suite 2)

• 6- Pour les barrages de moins de 30 m à seuil


libre, la hauteur de lame déversante potentielle
réduit le volume de la retenue utile.
• 7- Les revanches et la forme du seuil sont
étudiées pour une crue très inférieure à la crue
entraînant la rupture. En laissant le barrage
partiellement vide avant la crue, on peut
entraîner, quand de la crue se déverse
brutalement des effets désastreux à l’aval.
• 8- On peut réduire l’impact des crues à l’aval en
aménageant les déversoirs, comme nous le
verrons plus loin.
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4.1. Révision des idées reçues (suite 3)

• 9- Une route en crête du barrage n’est pas


forcément la meilleure solution économique.
• 10- Des aménagements de l’environnement sont
souhaitables autour du barrage. Ils augmentent
la sécurité et peuvent-être source d’intérêt
touristique.
• 11- Beaucoup de barrages de stockage sont
sous-utilisés les premières années et
insuffisants par la suite. Les études ne sont as
relancées pour des raisons de financement ou
manque d’imagination.
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4.2. Critères de dimensionnement et
évaluation des risques
• Il s’agit souvent d’un compromis entre le soucis de sécurité et la contrainte
économique.
• Le prix du barrage peut varier du simple au double.
• Beaucoup de caractéristiques peuvent varier suivant la sécurité désirée :
- Choix de type de l’ouvrage,
- Dimensionnement des déversoirs,
- Revanche au-dessus des plus hautes eaux théoriques,
- Reconnaissance et traitement des fondations,
- Qualité des filtres et drains, revêtement des talus,
- Spécification des bétons et remblais,
- Choix (ou absence) d’un consultant et contrôle des travaux,
- Qualification de l’entrepreneur, etc.
- Contrôle, instrumentation, dispositif d’alerte
• La probabilité de rupture est plus forte à la mise en eau pour l’érosion
interne. Ultérieurement le risque de submersion est plus important.

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4.3. Barrages-poids

• Ils représentaient 25 % des barrages de 10 à 30


m avant 1950, 10 % après, mais le pourcentage
devrait augmenter avec les barrages en béton
compactés au rouleau.
• Dans les pays en développement, l’évolution
relative des coûts du ciment, de la main d’œuvre
et du matériel, ainsi que les risques sur les
débits de crues vont développer la mécanisation
des moyens de construction.
• Recherche de l’économie et amélioration de la
sécurité.
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4.3.1. Barrages-poids en béton

• Il s’en fait depuis une centaine d’années


avec des critères qui évoluent peu.
• La rupture peut arriver
– Par sous-pression élevée,
– Par glissement sur la fondation,
– Par surélévation importante du plan d’eau
• La tendance est aux barrages symétriques
qui permettent une meilleure sécurité et
une hauteur d’eau à l’amont supérieure.
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4.3.1. Barrages-poids en béton (suite)

• Quel que soit le profil, le niveau des plus hautes


eaux influe considérablement sur le volume total
de l’ouvrage. Pour un barrage de 20 m, 1 m de
plus augmente de 15 % le volume d’eau.
• Pour un ouvrage non vanné :
– On peut allonger le déversoir principal,
– Admettre, en réduisant la revanche, que le barrage
peut déverser pour des crues de 100 ou 1 000 ans,
– Equiper le déversoir principal de labyrinthe ou
d’éléments fusibles (comme nous avons vu dans
l’amélioration des performances)

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4.3.2. Barrages-poids en maçonnerie

• Se sont beaucoup développés,


principalement en Chine,
• Ils bénéficient souvent d’une étanchéité en
béton ou béton armé en parement amont
ou à 1 ou 2 m.
• Le parement amont est parfois incliné à 10
ou 25 %.
• L’optimisation des profils se fait au profit
de la sécurité.
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4.3.3. Barrages-poids en béton compacté
au rouleau ou en remblai dur
• L’innovation du béton compacté au rouleau, consiste à
réaliser du béton par les techniques de terrassement en
le compactant au rouleau par couches de l’ordre de 30
cm.
• Surtout employé dans les barrages de plus de 15 à 20 m
pour avoir la place de faire circuler les engins.
• Les profils symétriques se sont développés avec une
étanchéité en parement amont très favorable dans le cas
de fondations médiocres.
• On peut associer béton compacté à l’aval avec remblai
ordinaire à l’amont, avec un sable argileux entre les
deux et ouvrage supérieur en béton avec évacuateur de
crues équipé de seuil labyrinthe ou éléments fusibles.

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4.3.4. Domaine d’application des différents
matériaux pour les barrages poids

• Quand le coût de la main d’œuvre est faible, les


ouvrages en maçonnerie ont encore de l’avenir.
C’est principalement le cas en Asie. Le béton
classique est réservé aux ouvrages annexes.
• Le terrassement manuel se développe encore
dans les pays à très faible coût de la main
d’œuvre, (moins de 0,2 US $/heure)
• Les barrages en béton compactés (BCR) ont un
fort avenir quand les barrages sont importants,
que la fondation est médiocre et que le volume
du barrage dépasse 10 000 m³.
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4.4. Barrages-voûtes

• La construction impose trois conditions :


– Une roche de bonne qualité et une forme de vallée
favorable,
– Une bonne expérience du concepteur et de
l’entrepreneur,
– Des conditions économiques favorables (coût de
main d’œuvre entre 0,5 et 5 US $/heure)
– Les barrages voûtes sont rarement compétitifs pour
des barrages inférieurs à 15
m.
Si la qualité des bétons dans les barrages voûtes en
béton ne sont excellentes, il faut compenser par une
plus grande épaisseur de béton.
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4.5. Barrages en terre

• Les barrages futurs de 10 à 30 m seront principalement


en terre,
• Le coût du déversoir, souvent important, sera analysé
dans le chapitre suivant,
• La maitrise de la rivière pendant les travaux n’est
souvent pas nécessaire car la construction peut être
faite entre deux saisons de pluie.
• Le coût du barrage comporte cinq éléments :
– Le corps du barrage,
– Le drainage et les filtres,
– La protection du talus amont,
– La protection du talus aval,
– Les extractions et le traitement de la fondation

15/08/2018 49
4.5.1. Corps du barrage
• Il représente souvent la moitié du coût du barrage et dépend
essentiellement des matériaux disponibles localement.

• On peut les classer en deux catégories :


– Les barrages homogènes (courant pour les barrages de moins de 20 m)
– Les barrages zonés, dont la partie étanche représente 5 à 50 % du volume
total.

• Quelques conseils :
– Des talus doux ne coutent pas cher et améliorent la sécurité,
– Un tracé courbe s’insère mieux dans le paysage,
– Des raccordements progressifs sur les rives réduisent le risque de vagues,
– Un matériau à forte cohésion résiste mieux à la submersion et à l’érosion interne,
– Le noyau étanche doit dépasser le niveau de la retenue normale,
– Le compactage doit être soigné, en particulier près des points singuliers,
– Les travaux de terrassement doivent être arrêtés en cas de fortes pluies

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4.5.2. Drainage et filtres

• La qualité des filtres ont réduit les accidents par


érosion interne,
• Si on ne dispose pas de matériaux naturels à
proximité, on peut utiliser des géotextiles,
• Pour les remblais homogènes :
– Les drains en sable naturel sont verticaux ou
faiblement inclinés
– Les drains en géotextiles sont horizontaux ou
légèrement inclinés
• Bien s’assurer que les drains débouchent
bien à l’aval.
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4.5.3. Protection du talus amont
• La protection amont est généralement destinée aux
vagues,
• Il n’y a pas d’exemple de rupture de barrage par l’effet
des vagues
• La partie supérieure du remblai n’est dans l’eau que
quelques heures par siècle,
• La hauteur des vagues maximales varie comme la
vitesse du vent et les vagues sont souvent inférieures à
0,50 m
• Un revêtement végétal peut-être constitué
• Les points singuliers ne doivent pas être négligés

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4.5.4. Protection du talus aval

• Doit éviter le ravinement par fortes pluies,


• Doit permettre un certain déversement sur le
remblai.
– Pour des déversements de quelques heures et de
débit inférieur à 1 m³/s/m, un remblai argileux bien
compacté avec une couverture végétale peut souvent
résister.
– Pour de plus longues durée et débits de plus de 10
m³/s/m, des revêtements en béton armé, du béton
compacté sur 2 ou 3 m, des revêtements bitumineux,
des maçonneries, des enrochements armés. Mais
ces solutions sont souvent onéreuses.
15/08/2018 53
4.5.5. Excavation et traitement
de la fondation
Il faut s’assurer que :
– La zone la plus étanche dans la fondation se
trouve bien sous l’étanchéité de la digue
– Les débits de fuite sont limités et en
observer l’évolution,
– Dans le tiers aval de la fondation, il y a bien
des filtres et drains pour éviter les renards.

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Ouvrage de prise d’eau et de
vidange
• Pour beaucoup de petits barrages, ce poste
représente une part importante du coût (5 à 10
%). On peut faire des économies sans nuire à la
sécurité, mais pour les barrages en terre, il faut
veiller à un excellent compactage autour de la
conduite de vidange.
• Cette vidange peut-être nécessaire et
importante en cas où il est nécessaire de vider
les barrages des dépôts qui s’y accumulent et
diminuent la capacité du barrage.
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4.6. Maîtrise des crues
• Pour les barrages de moins de 30m, la maîtrise des
crues pendant la construction se pose rarement, car on
construit en une saison sèche.
• Mais pendant l’exploitation, le contrôle des crues est très
important.
• Presque tous les barrages de moins de 30 m ont des
déversoirs à seuil libre.
• Pour un barrage de 20 m, la profondeur maximale du
réservoir est de 15 m et la profondeur moyenne de 5 m :
une lame déversante de 1,5 à 3 m augmente le volume
du barrage de 20 à 50 %. Nous allons passez en revue
plusieurs paramètres permettant l’optimisation.

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4.6.1. Evaluation des crues extrêmes

• Il existe des formules générales ou


régionales pour estimer les crues de
bassins versants. Elles sont assez
complexes.
• Beaucoup de pays dimensionnent les
déversoirs pour une crue de projet de 100
à 500 ans, mais avec une marge de
sécurité importante liée au stockage et à
la revanche.

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4.6.2. Définition du degré de sécurité

• Le choix doit tenir compte de la situation en aval et de l’importance


et de la vitesse de montée de la crue de rupture.
• En dehors des crues, les causes peuvent venir d’autres facteurs :
– Non fonctionnement des vannes,
– Obstruction naturelle ou artificielle d’un déversoir libre,
– Rupture d’un barrage amont naturel ou artificiel,
– Séisme,
– Glissement de terrain dans la retenue,
– Sous-estimation du débit de crue maximale
– Changement de climat , évolution de la végétation, déforestation,
– Sabotage, etc.
• Il existe des solutions permettant des surcotes considérables :
barrages-poids avec bonnes fondations, barrages symétriques en
béton compacté au rouleau, même sur fondation médiocre,
barrages-voûtes si le rocher et les conditions de construction sont
bonnes, barrages en enrochement à masque et parement en béton.

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4.6.3. Risques dus aux crues
n’entraînant pas la rupture

• Les défauts d’opération de vannes commandées


ou automatiques peuvent entraîner à l’aval des
débits de pointe ou des montées de crue
beaucoup plus dangereuse que la crue entrante.
• Pour un réservoir non vanné, qui stock une
partie de la crue avant de déverser, la vitesse de
montée de crue à l’aval peut aussi être plus
élevée que la crue entrante,
• Ces risque sont souvent plus importants que les
risques de rupture.

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4.6.4. Optimisation économique

• L’économie intervient dans 4 domaines :


– Choix du degré de sécurité,
– Ecrêtement de la crue,
– Structure du déversoir,
– Structure du déversoir,
– Equipement du déversoir avec des éléments démontables ou
basculants (Hydroplus ou blocs fusibles) ou des seuils avec
labyrinthes fixes (P.K.Weirs).
– Une association de vannes et hausses fusibles ou P.K.Weirs
peut être extrêmement intéressante pour sécuriser les barrages
vannés, les hausses agissant en cas de panne sur les vannes
ou pour permettre de passer les crues exceptionnelles.

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4.7. Contrôle des projets
et de la réalisation
• Les barrages de plus de 20 m ou stockant plus de 10
hm³ doivent être soumis à un contrôle important et
étudié par un Bureau d’études expérimenté,
• Les barrages stockant entre 10 000 m ³ et 10 hm³
peuvent avoir un ingénieur responsable de la sécurité
choisi sur une liste agréée ,
• Pour les plus petits ouvrages, le Maître d’Ouvrage doit
être informé des risques et faire appliquer les
précautions usuelles recommandées. En majorant
légèrement le prix, ont peu diminuer par dix sa
probabilité de rupture.
• Il est important de souligner une fois de plus le risque
pour les populations à l’aval.

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4.8. Auscultation – Surveillance –
Dispositif d’alerte
• Les barrages de grande hauteur nécessitent des
dispositifs d’auscultation sévères.
• Les barrages de moins de 30 m ont des risques faibles,
mais il faut adapter des dispositifs robustes, efficaces et
peut coûteux :
– Repères topographiques (tassements anormaux),
– Mesure des fuites,
– Piézomètres.
• La surveillance doit être actives lors de la mise en eau et
dans les mois qui suivent.
• Les dispositifs d’alerte peuvent être peu couteux et sont
indispensables lors des crues pour sauvegarder les
populations à l’aval.

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Résumé et conclusion
• En 1995, il y avait dans le monde environ :
– 10 000 barrages de plus de 30 m
– 20 000 Barrages de 15 à 30 m
– Plus de 100 000 Barrages de 10 à 15 m, stockant quelques
centaines de milliers de m³ et pour 10 à 15 000, plus de 1
millions de m ³ et classés "grands barrages “
• Les barrages de 10 à 30 m ont généralement des
déversoirs libres de 20 à 500 m³/s
• 75 % des barrages de plus de 60 m sont dans les pays
industrialisé
• 75 % des barrages de moins de 30 m ont été réalisés
dans les pays en développement

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Amélioration de la sécurité
et de l’efficacité des barrages existants
• Plus de la moitié des victimes de toutes les ruptures de barrages
résulte de la destruction par les crues de barrages de moins de 30
m et ce risque pour les barrages existants est le risque majeur des
barrages dans les décennies futures.

• Il est possible, en quelques années et à faible coût de diviser ce


risque par dix :
– En identifiant les barrages à risques,
– En améliorant très rapidement la sécurité de ces barrages sans
rechercher la perfection,
– En développant des systèmes d’alerte pour les populations à l’aval.

• Il est possible à faible coût d’augmenter le volume stocké par


beaucoup de réservoirs existants ou d’optimiser leur gestion ; le
potentiel de gain correspondant est considérable.

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Barrages futurs

• Les barrages futurs de 10 à 30 m seront pour la plupart


en remblai, avec de plus en plus, dans les pays en
développement, des barrages en béton compactés au
rouleau.
• Des progrès très importants sont possibles sur les coûts,
la sécurité ou la performance, la protection et le
drainage, sur la conception des barrages poids, le
dimensionnement et l’équipement des déversoirs, la
gestion des crues pour minimiser le risque aval, les
systèmes d’alerte…
• Pour beaucoup de petits barrages, un investissement
modeste permet d’améliorer le paysage en s’y intégrant
au lieu de l’agresser.
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Petits barrages en remblai futurs

• Les petits barrages (moins de 15m, stockant


moins de 1hm³) homogènes en matériaux
cohérents présentent beaucoup d’avantages en
matière de sécurité.
• Une digue homogène en matériaux cohérents
est souvent la solution la moins cher et la plus
sûre.
• La mécanisation des chantiers, qui réduit les
coûts de transport permet d’utiliser des
emprunts plus éloignés ce qui va dans le sens
de la sécurité.
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